De la « Big Crown » à la « Big Case »… la deuxième génération d’Eberhard Scafograf 200 prend encore du volume en troquant le boîtier à anses droites de la référence 11536 contre un opulent boîtier à anses lyres qui lui confère une forte ressemblance avec l’Omega Seamaster 300 réf. 165.024.
A l’évidence, les deux premières Scafograf (les réf. 11535 et 11536) et leur carrière confidentielle, loin de décourager la maison Eberhard, a permis au contraire à cette dernière de perfectionner le concept et de proposer, en troisième intention, un modèle encore plus convaincant techniquement. C’est la Scafograf 200 réf. 11545.
Boîtier : La marque Huguenin Frères
Le fait majeur est que celle-ci se voit désormais dotée d’un nouveau boîtier aux courbes voluptueuses où les anses, dans un mouvement continu, enveloppent la carrure d’une extrémité à l’autre, faisant un peu ressembler la carrure à une sorte de lyre. Ce design, très particulier et tout aussi élégant, se rencontre à l’époque chez quelques concurrents : Omega, avec la Seamaster 300 réf. 165.024 et la Speedmaster réf. 105.012, Universal Genève avec les Compax et, surtout, la mythique Polerouter dessinée par le jeune et déjà génial Gerald Genta.
Hasard ? Vous aurez bien sûr deviné que non… Comme l’a en effet souligné l’ami Simon « Moonphase », derrière ces créations se cache le savoir-faire d’un seul et même fabricant de boîtiers : la maison Huguenin Frères, établie au Locle en 1868. C’est donc à cette origine commune que l’on doit la forte similarité entre la carrure des Eberhard Scafograf 200/300 et celle des Omega Seamaster 300.
DIMENSIONS
LHC : 42,5 mm.
LCC : 43 mm.
LHT : 47,4 mm.
EC : 19 mm.
EHT : 13,5 mm.
Avec cette référence 11545, la Scafograf prend donc encore des formes et gagne surtout en robustesse perçue.
Plus épaisse, la carrure assure notamment une bien meilleure protection de la lunette — qu’elle dépasse de part et d’autre — et surtout de la couronne. La « Big Crown » de la réf. 11536, si facile et agréable à manipuler, était aussi très exposée aux chocs et rendait ainsi la montre particulièrement vulnérable aux avaries. Avec la « Big Case », le problème est largement résolu car la couronne est littéralement enclavée dans une encoche de la carrure et fortement réduite en épaisseur, ce qui la rend quasiment inatteignable.
Seul bémol : elle s’avère donc plus difficile à tirer correctement au moment de régler la montre, ce qui, à voir le nombre de Scafograf 200 et 300 munies de couronnes de remplacement, a dû causer de nombreuses de fractures de tige de remontoir et autant de clients mécontents !
Cadrans dans la continuité
Pour les cadrans, point d’évolution : on trouve bien toujours les trois variantes identifiées précédemment, soit, de gauche à droite, le cadran plat, le cadran embouti et le cadran à index appliqués. Selon nos observations empiriques, le cadran embouti serait le moins rare des trois mais le nombre d’exemplaires visibles en circulation est si faible que tout exercice réellement statistique s’avérerait périlleux…
La combinaison d’aiguilles est également conservée à l’identique : crayon, flèche et lollipop en laiton doré assurent toujours un complément parfait aux audaces géométriques du cadran.
Calibre 11500 toujours
Le calibre 11500 à remontage automatique, déjà présent dans les Scafograf réf. 11535 et 11536, conserve sa place dans cette version.
Une surprenante 200/300
Unique en son genre, jusqu’à plus ample informé, cette Scafograf porte bien la référence 11545 et présente un cadran « sans date ». Magnifique, elle doit retenir l’attention car elle présente des caractéristiques étranges. La première, c’est la mention SCAFOGRAF 300 (et non SCAFOGRAF 200) sur le cadran et le fait que celle-ci, à la loupe, semble peinte par dessus le fond noir à la différence des autres écritures.
La deuxième est que le fond de boîte indique 300 M. / 990 FT au lieu de 200 M. / 660 FT.
La troisième, qui achève de semer la confusion, est la présence à l’intérieur du calibre 260-13, censé comporter la fonction date… alors que nul affichage n’est possible côté cadran !
On peut donc ici imaginer deux explications : soit il s’agit d’une sorte de prototype qui, sous les atours de la réf. 11545, préfigure la réf. 11796, soit il s’agit d’un « hybride » artistiquement réalisé mais sans légitimité.
Conclusion
Si, à titre personnel, je réserve une affection particulière pour sa devancière, la réf. 11536, j’ai bien peur que la 11545 soit ma préférée. Très fan de la Seamaster 300 chez Omega, j’avoue un faible pour les formes généreuses de ce boîtier à la fois costaud et élégant. Dernière occurrence du joli calibre 11500 avant le passage aux versions à date, cette « 200 » réunit, à mes yeux, le meilleur des deux époques. Au moment où ces lignes sont écrites, elle reste un rêve mais l’avenir a de bien qu’il autorise à ne jamais rien exclure… même la réalisation des vœux.
Références
- Hodinkee.com : « An unquenchable Obsession for Eberhard », par Phil Toledano, mars 2017. [en] Un auteur déclare sa flamme à la marque Eberhard.
- Monochrome : « The Return of the Eberhard Scafograf 300 – Overview of an iconic dive watch », par Ilias Gianopoulos. [en] Retour historique sur la maison Eberhard et les Scafograf originelles pour introduire la réédition lancée en 2016.
- Heuerworld.com. Des photos sensationnelles de Paul Gavin, qui a fait passer pas moins de trois Scafograf 200 (deux réf. 11536 et une réf. 11545) sous son objectif.
- Bulangandsons.com. Un bel exemplaire de Scafograf 200 réf. 11545.
- Crédits photos : Misterenthusiast/Instagram, Shucktheoyster.
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