Voici un modèle que je n’espérais pas trouver un jour… Je l’avais découverte, comme sans doute quelques autres collectionneurs, au travers de la revue publiée par Matts sur le forum Montres mécaniques. Une montre de plongée « primitive » comme il les affectionne, mais pas comme les autres : avec 39 mm de diamètre, un cadran incroyable, une carrière confidentielle et l’extrême rareté qui en découle, la Scafograf 200 réunissait tous les ingrédients des montres « Graal ». Maintenant qu’elle est là, elle mérite bien une revue et même un peu plus que ça.
Deux cents unités : après l’Eberhard Scafograf 100 (réf. 11535), c’est aussi la production de la première version de la Scafograf 200 (réf. 11536) qui nous occupe ici.
Un boîtier plus généreux assorti d’une lunette tournante

DIMENSIONS
LHC : 38,9 mm.
LCC : 42,9 mm.
LHT : 47,4 mm.
EC : 19 mm.
EHT : 13,1 mm.
Produite en 1960-1961, la référence 11536 se distingue de la « 100 » par un boîtier de plus grande dimension (39 mm contre 36 mm de diamètre hors couronne), une épaisse couronne et une lunette tournante à graduation ascendante.

Réalisée en alliage peint, sensible aux chocs et aux rayures, cette dernière est souvent éprouvée au point d’être parfois remplacée par une lunette de Submariner adaptée…

Dans l’allure générale, on retrouve d’ailleurs une part des sensations procurées par les Submariner : le diamètre identique, les proportions de la lunette, la manière de se poser sur le poignet… La carrure, dépourvue d’épaulement de couronne, offre encore une légèreté qui se perdra avec les versions suivantes.



Le fond de boîte, caractéristique de toutes les Scafograf, représente un hippocampe entouré des mentions d’usage : EBERHARD AUTOMATIC WATERPROOF, GUARANTEED 660 FT UNDER WATER et GUARANTIE 200 M SOUS L’EAU. Outre la garantie de résistance à l’eau portée à 200 m, le fond de la réf. 11536 diffère de celui de la réf. 11535 par des inscriptions qui remplissent désormais plus largement le plat.


Cadrans dans la continuité
Côté cadran et aiguilles, l’engin reprend la composition spectaculaire et l’esprit Art Déco de la Scafograf 100. Sous réserve de vérification, on peut même supposer que, à la jauge près, les cadrans sont identiques.

La plupart des exemplaires, comme pour la Scafograf 100, sont donc équipés soit de cadrans plats (ci-dessous, à gauche), soit de cadrans emboutis (ci-dessous, au centre). On trouve en outre des versions à index rapportés (ci-dessous, à droite) qui pourraient être, selon nous, des cadrans de service fabriqués dans les années 1960.

À chacun des quatre points cardinaux, les index se présentent toujours sous la forme de grands triangles pointant vers l’extérieur ; des points indiquent les heures intermédiaires. Le cadran est parcouru par une combinaison d’aiguilles gilt, larges, raides et fonctionnelles. L’ensemble dégage une forte personnalité et la lisibilité ne peut être contestée. Une vraie toolwatch !

Ce caractère bien trempé est renforcé par la présence d’une grosse couronne signée (près de 7 mm de diamètre). Un choix qui partait sans nul doute de l’intention louable de faciliter la préhension, mais qui s’est vraisemblablement traduit par un certain nombre d’accidents de manipulation… Très proéminente et exposée, elle a sans doute souvent sauté, au grand dam du propriétaire, ce qui explique qu’elle soit souvent remplacée sur les exemplaires parvenus jusqu’à nous et qu’Eberhard ait pris une tout autre option pour la remplaçante de la réf. 11536.
Calibre 11500 reconduit
Côté mécanique, Eberhard reconduit le calibre 11500 à remontage automatique déjà décrit par ailleurs.
Une Scafograf championne de plongée avec Luciana Civico

Pas de James Bond pour la porter au firmament mais une plongeuse italienne pour l’emmener dans les profondeurs… Elle s’appelle Luciana Civico et, 11 novembre 1962, à l’âge de vingt-deux ans, accompagnée en scaphandre, du sous-lieutenant Benito Verardi, elle plonge à 80 mètres dans le golfe de Pouzzoles et bat ainsi le record de plongée avec un appareil respiratoire à air. Préparée par le pionnier Raimondo Bucher, devenu son mari, elle avait bénéficié du soutien de la marine italienne. Ainsi était-elle était devenue également, à cette occasion, la première femme à monter sur un navire militaire italien en navigation !
Un film de l’Institut LUCE documente les préparatifs et la plongée de Raimondo Bucher d’abord et de Luciana Civico ensuite. Après la plongée, à 14h25, Luciana Civico réapparaît en montrant le drapeau des -80 mètres. On distingue la montre au début du film :
Le 6 avril 1986, sur un fond marin proche de l’île de Maldivaru (archipel des Maldives), Luciana Civico bat à nouveau le record mondial de plongée sous-marine avec un appareil respiratoire à air, en atteignant une profondeur de 102 mètres. Cet exploit ne sera cependant pas officiellement homologué.
Conclusion
Au-delà de l’intérêt intrinsèque de la marque Eberhard & Co., la Scafograf mérite incontestablement une place au firmament des montres de plongée des années 1950-1960, avec les « monstres sacrés » que nous connaissons bien. La pertinence de son design, l’originalité de son cadran et, dans le même temps, ses dimensions très actuelles et sa discrétion en font une montre aussi exceptionnelle que facile à porter.

Références
- Hodinkee.com : « An unquenchable Obsession for Eberhard », par Phil Toledano, mars 2017. [en] Un auteur déclare sa flamme à la marque Eberhard.
- Montres mécaniques (forum). [fr] Présentation de la Scafograf 200 par le grand MattS…
- Monochrome : « The Return of the Eberhard Scafograf 300 – Overview of an iconic dive watch », par Ilias Gianopoulos. [en] Retour historique sur la maison Eberhard et les Scafograf originelles pour introduire la réédition lancée en 2016.
- Heuerworld.com. Des photos sensationnelles de Paul Gavin, qui a fait passer pas moins de trois Scafograf 200 (deux réf. 11536 et une réf. 11545) sous son objectif.
- Crédits photos : Paul Gavin/Heuerworld (brochure et publicité Eberhard), Mattsworldwatch/Instagram (Scafograf 200 et Rolex 6538), Lucchese.watches/Instagram (Scafograf 200).
super article très intéressant ,merci
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Great article regards the Scafo history.
But there was nothing about the Scafo 300 version with no date, instead 4 big shields at 12,3,6,9
I have the scafograf 300 with no date , inside case is stamped with ref 11545-1. Does the “-1” point to versions without date?? Because the most 11545 references is with date at “3” a clock
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Thank you JD !
The ref. 11545 I found are all no-date versions. The date version is supposed to be the 11706.
Best, Fred
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