Voici quelques semaines, j’avais la chance de tenir en main le dernier prototype de la future Triton Spirotechnique, qui sera rééditée l’an prochain sous une forme et des dimensions essentiellement fidèles au modèle d’origine. Hier, sortait sans crier gare, une photo montrant les deux futures ZRC Grands-Fonds 38 mm que la communauté attendant… Autant dire que l’été 2022 sera chaud !
Triton : la nouvelle Spirotechnique, enfin !
Artisan de la résurrection de la marque Triton, Jean-Sébastien Coste lançait, en 2015, la Subphotique. Cette montre de plongée anticonformiste de 41 mm de diamètre, très bien construite et positionnée haut-de-gamme, ne peut renier sa parenté avec l’originale Spirotechnique, cet engin horloger au design unique en son genre, fruit miraculeux du travail d’ingénieurs français pour le compte de la Marine nationale. Toujours au catalogue, la Subphotique impressionne par sa qualité de fabrication et sa personnalité ; pour autant, elle n’a jamais véritablement fait fondre le cœur des nostalgiques.
Coste étant un personnage passionné et opiniâtre, animé lui-même d’un amour inconditionnel pour la Triton originelle, a très tôt adopté l’idée de recréer un modèle véritablement fidèle. Quelques années plus tard, le projet prenait forme, les droits d’exploitation de la marque Spirotechnique avaient été négociés et, en avril 2019, nous avions pu découvrir un premier prototype. Il était alors considéré comme proche de l’aboutissement puisque la sortie était espérée pour l’automne de la même année…
TRITON Spirotechnique, modèle original et réédition 2019 TRITON Spirotechnique, réédition 2019
Il aura pourtant fallu deux ans supplémentaires pour voir réapparaître le « batracien ». Occupé à peaufiner l’engin et à relancer Le Forban, autre marque française jadis tombée en désuétude, avec une série de montres de plongée nostalgiques et accessibles, Jean-Sébastien Coste a dû réajuster sa feuille de route, jusqu’à la révélation d’un prototype qui s’avère, maintenant, quasiment définitif.

Celui-ci révèle un travail mené dans deux directions qui, pour être opposées, ne sont pas pour autant contradictoires. D’une part, le boîtier a fait l’objet d’ajustements très soigneux qui l’éloignent de l’aspect plus « rustique » de sa devancière. La qualité de finition monte encore d’un cran et le modèle gagne en modernité. D’autre part, le cadran a été largement revu dans le sens, à l’inverse, du retour aux sources : fini les index cerclés et le Luminova blanc, bienvenue aux index « peints » et aux nuances de fausse patine qui réchauffent la montre.
Sur l’exemplaire que j’ai tenu en main, les chiffres et le triangle lumineux sur l’insert de lunette étaient encore blancs mais on m’a assuré qu’ils seraient également teintés sur le modèle définitif. Pour cette raison, je me suis permis de retoucher la teinte sur les photos, afin d’obtenir un rendu plus réaliste.

Animée par un mouvement Sellita, la Spirotechnique revendique le label Swiss Made — hélas plus crédible sur le marché que le Made in France… — et s’affichera, normalement avant l’été 2022, dans une gamme de prix où elle croisera la Tudor BB58, autre création néo-rétro dont le succès ne se dément pas.
ZRC : le rêve voit double
Du côté de ZRC, si la relance de l’activité horlogère s’est également fondée sur une transposition de son modèle légendaire, le contexte et l’approche ont été différents. Triton reste une maison « artisanale » tandis que ZRC s’appuie sur une structure et des moyens bien plus significatifs, qui permettent de produire des quantités plus importantes, d’alimenter un réseau de revendeurs, de communiquer davantage et d’animer le marché en concevant et en lançant régulièrement de nouveaux modèles, eux-mêmes déclinés en multiples variantes et séries limitées. Du modèle « de base », la Grands-Fonds 300 Réédition Marine nationale 1964, à la Grands-Fonds 3000 en titane, la collection est large.
ZRC Grands-Fonds 300 Réédition Marine nationale 1964, 2021. ZRC Grands-Fonds 3000, 2021.
Là encore, même si la marque a su créer et entretenir une communauté de fans parmi lesquels une proportion non négligeable de collectionneurs de vintage, il a toujours manqué au catalogue de quoi satisfaire les inconditionnels des modèles historiques. Garde-temps splendides, modernes et de qualité, les ZRC contemporaines revisitent habilement l’ADN de la marque et, même si elle atteint parfois les limites de la diversification et du bon goût, la gamme actuelle est une réussite. Reste que, pour le « puriste », la seule vraie Grands-Fonds ne fait pas 42 mais 36 mm de diamètre… et ne pèse pas un âne mort au poignet.
Longtemps restée sans réponse, la complainte des nostalgiques a pourtant été entendue très tôt par Georges Brunet et son équipe. Là encore, il fallait du temps pour rendre les rêves palpables mais voici que, il y a quelques mois, la rumeur a enflé jusqu’à ce que circule la photo d’un prototype très proche de la Grands-Fonds Série 3 :

Et puis, le 28 octobre, la rumeur a pris un tour bien plus officiel avec la publication, sur le compte Instagram de la marque, d’une autre photo montrant non pas un mais deux modèles : une « Série 2 » sans date et une « Série 3 » avec date. Peu d’informations sont disponibles à ce stade en dehors de la confirmation qu’ils affichent un diamètre de 38 mm. Présentés comme « les premiers prototypes de la nouvelle 38mm, fidèles hommages aux modèles mythiques qui équipaient les plongeurs de la Marine Nationale française de 1960 à 1980 », ils vont maintenant, sans doute, passer l’épreuve du jugement des amateurs et connaître quelques évolutions d’ici à leur sortie.

Cela dit, à première vue, le résultat semble déjà très convaincant ! Les seuls doutes — que seule une prise en main permettrait de confirmer ou d’infirmer — résident dans la tonalité de la matière lumineuse, qui paraît un peu froide, et le profil du verre, qui mériterait d’être plus bombé. Pour le reste, l’impression générale est bonne, le travail de conception semble à la hauteur de la réputation de ZRC et le renforcement du bracelet, visible notamment au niveau de l’anse articulée s’avère être un choix d’excellent aloi.
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En définitive, l’année 2022 s’annonce donc de grand intérêt pour les nostalgiques des montres de plongée emblématiques des années 1960 et, singulièrement, des modèles qui ont équipé la Marine nationale. Gageons que Triton et ZRC, qui ne se positionnent pas au même niveau d’exclusivité, iront chercher leurs clients sur des marchés distincts. Pourtant, j’en connais déjà qui se font des nœuds au cerveau pour savoir comment financer l’acquisition de ces trois futures pépites !
J’avoue que les ZRC acier sont assez lourdes mais les gf3000 en titane sont bluffantes. Ton article est d’autant plus intéressant que je commence à m’intéresser aux tritons même si elles sont dans un segment tarifaire au dessus de celui des ZRC.
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Oui c’est vrai que les « titane » (j’ai passé une Tudor Pelagos au poignet un jour) sont étonnantes et la matière a un aspect que j’aime beaucoup. S’agissant de la Spirotechnique, je sais qu’elle sera plus accessible que la gamme Subphotique mais on peut parier qu’elle restera plus chère que sa « concurrente » ZRC… Le prix de l’exclusivité et du rêve… 🙂
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J’avoue que les ZRC acier sont assez lourdes mais les gf3000 en titane sont bluffantes. Ton article est d’autant plus intéressant que je commence à m’intéresser aux tritons même si elles sont dans un segment tarifaire au dessus de celui des ZRC.
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