Chronos 10-20 ATM (1/2) : la Rotary Aquaplunge

Des chronographes sportifs, l’industrie horlogère suisse en a produit des masses dans les années 1960 et, parmi ceux-là, beaucoup de chronographes à orientation nautique. L’un des plus connus est la Rotary Aquaplunge, réalisée à partir d’un boîtier étanche à 20 ATM (200 mètres) et Celle-ci a donné naissance à une grande « famille » de chronos du même type. Dans cet article en deux parties, vous découvrirez tous les modèles mais commençons, ici, par en présenter la matrice.
Par @thepatinaboy et @fredchrono

Il semblerait que plusieurs marques aient commandé à Rotary sa fameuse Aquaplunge chronographe pour les re-brander à leur effigie : Cupillard Rieme, Difor, Jaquet-Droz, Lator, Le Cheminant, Le Phare, Marvin, Nivor, Pallas, Sparewa, WS. Contrairement aux « Dirty Dozen » qui avaient été commanditées par l’armée britannique à douze maisons horlogères pour proposer une montre militaire au cahier des charges millimétré, l’initiative viendrait cette fois-ci des maisons concurrentes à Rotary. Elles ne sont cependant pas identiques en tout point, mais presque. Analysons tout d’abord la plus connue, l’Aquaplunge de Rotary, puis chacune de ses sœurs.

Une aînée : la Rotary 20 ATM Aquaplunge

Maison de montres suisses fondée en 1885, Rotary a une histoire particulière avec le Royaume-uni, où ses affaires se sont particulièrement développées depuis les années 1920. Sans avoir de réalisation exceptionnelle à son actif, la marque a franchi les décennies et les heures sombres de la « crise du quartz » grâce à une gestion de « père de famille » avisé — à tel point d’ailleurs que, l’année de sa cession à un groupe chinois, en 2014, Rotary était la plus ancienne société horlogère indépendante et familiale…

Au milieu des années 1960, quand Rotary lance le chronographe 20 ATM que nous allons décortiquer, elle le positionne dans sa gamme Aquaplunge. Celle-ci désigne les montres de la marque dédiées à la plongée et s’enrichit donc, pour la première fois, d’un chronographe étanche. Certains exemplaires apparaissent sous la marque belge Iaxa, qui distribue à l’époque des Rotary sous licence.

L’extérieur

Le boîtier est un 20 ATM, dit Aqualand, très classique pour l’époque. En acier, étanche à 200 mètres, il se situe au premier palier de résistance atmosphérique permettant de la qualifier de montre de plongée (en deçà, on parle de montre résistante à l’eau). On trouve ce type de boîtier chez beaucoup de marques, les plus prestigieux modèles étant sans doute les Jeanrichard et Aquastar Airstar ainsi que le Girard-Perregaux Olympico. Il s’agit donc d’un « classique », à l’instar des boîtiers EPSA (Super Compressor), Monnin, Caribbean ou Squale, pour ne citer que les principaux.

Dimensions

LHC : 37 mm.
LHT : 47 mm.
LEC : 19 mm.
EHT : 13 mm.

La carrure est pourvue d’une lunette de plongée à friction (donc bidirectionnelle) marquée par une graduation ascendante sur soixante minutes. À cette époque, deux types de techniques étaient généralement utilisés pour fabriquer les lunettes : certains modèles portaient une lunette en alliage anodisé avec un point ou un triangle de matière lumineuse implanté au point zéro ; d’autres étaient pourvus de lunettes formant une sorte de gouttière dans laquelle était fixé un insert en plexiglas (improprement appelé bakélite) qui permettait, par des jeux de relief et de peinture, de se parer de couleurs et de motifs plus complexes, ainsi que de repères lumineux plus élaborés. La « troisième voie » adoptée ici privilégie une lunette en acier sur laquelle les inscriptions sont gravées en creux et peintes (chiffres en noir, traits de graduation en rouge), un insert triangulaire de tritium venant servir de repère lumineux au point zéro.

  1. Acier poli.
  2. Graduations peintes en rouge.
  3. Chiffres peints en noir.
  4. Insert circulaire de tritium au point zéro.

La carrure présente des arrêtes vives, rarement conservées dans cet état. Accessibles et polyvalentes, ces montres étaient abondamment utilisées, parfois sans grandes précautions, et les horlogers leur appliquaient souvent un bon polissage, efficace pour effacer les rayures accumulées mais aussi, malheureusement, pour émousser les contours. Petit conseil au passage : si vous cherchez un exemplaire, l’état du boîtier est un critère de sélection bien plus important qu’il n’y paraît.

S’agissant du fond de boîte générique, toujours en acier vissé, il s’agit de distinguer deux versions qui varient, comme les couronnes, en fonction en fonction du calibre utilisé :

  1. Fond en acier vissé.
  2. Six encoches.
  3. Numéro de série.
  4. Inscriptions : swiss made / stainless steel / waterproof / incabloc.
  1. Fond en acier vissé.
  2. Six encoches.
  3. Mention : TESTED 450 FEET 150 METRES.
  4. Inscriptions : SWISS MADE / STAINLESS STEEL / WATERPROOF / INCABLOC.

Non vissée et non signée, la couronne varie selon les versions. Certains modèles sont équipés d’une couronne courte à dentition épaisse et légèrement bombée ; sur d’autres, la couronne est plus étroite et plus longue.

Les deux poussoirs du chronographe sont largement proéminents. Il va de soi que leur usage en immersion est à éviter absolument !

L’ensemble répond à un souci fonctionnel évident et dessine une tool watch sans grande audace mais équilibrée entre robustesse perçue et élégance. Ce qu’on appelle un design réussi !

Derrière la vitre

Fonctionnel également, le cadran principal présente un fond noir mat à écritures blanches. Les principaux index sont rehaussés de tritium et une échelle tachymétrique court à la périphérie.

Deux versions de cadrans existent : une version à cadran et compteurs noirs, all black, comme on dirait d’une Breitling AOPA, et une version à compteurs blancs, dite pingouin.

Les autres marques qui ont produit des modèles similaires ont principalement utilisé la version all black.

Le cadran à écritures blanches présente un aspect mat. On notera toutefois que certaines marques auront recours à un cadran laqué (Lator). Les index sont ici de forme trapézoïdale, comme sur la très grande majorité des modèles produits pas les autres marques mais certaines privilégieront des index rectangulaires (Baylor, par exemple).

  1. Cadran mat à écritures blanches.
  2. Echelle tachymétrique.
  3. Inscription T SWISS T désignant le pays de fabrication et la présente ce tritium.
  4. Inscription ROTARY et logo de la marque.
  5. Chiffres et index lumineux.

Générique également, le jeu d’aiguilles se retrouve sur de nombreuses montres de plongée de l’époque telles que, par exemple, certaines Baby Panerai, les Hoga et Damas Marinograf et bien d’autres,

  1. Grande trotteuse à losange lumineux.
  2. Aiguilles type crayon pour les heures et minutes, où l’insert de tritium est réparti en segments (deux pour l’aiguille des heures, trois pour celle des minutes).
  3. Spécificité intéressante et rare : l’aiguille du compteur de minutes positionné à trois heures est également pourvue d’un petit insert de tritium.

On observera, chez certaines « sœurs » de la Rotary, quelques variantes d’aiguillage : trotteuse type « lance » ou « lollipop », aiguilles chandelle ou droites pour les heures-minutes.

Dans le fond

Le chronographe Rotary Aquaplunge se rencontre avec deux types de mouvements : le Landeron 149 et le Valjoux 92.

Dérivé du calibre Landeron 48

Diamètre : 13,75 lignes / 31 mm
Hauteur : 6,2 mm
Epoque : 1960s
Angle de levée : nd.
Fréquence : 18 000 A/h
Réserve de marche : nd.

Exemples : ROTARY Aquaplunge.

Successeur du calibre 23, le Valjoux 92 a été très en vogue dans les années 1960. Ce mouvement à roue à colonne s’est retrouvé dans de nombreux modèles, chez Heuer (Carrera, Autavia), Nivada Grenchen (Chronomaster Aviator Sea Diver) et bien d’autres…

Diamètre : 13 lignes / 29,50 mm
Hauteur : 6,00 mm
Epoque : 1960
Angle de levée : 52°
Fréquence :18 000 A/h
Réserve de marche : 39 h

Exemples : Nivada CASD, Rotary Aquaplunge.

Les autres marques également utilisé ces mouvements mais aussi d’autres variations du calibre Landeron. On trouve ainsi les cal. 148, 153, 154, ainsi que des versions équipées du Valjoux 7733, remplaçant du calibre 92 et lui aussi extrêmement répandu dans les années 1970.

Dérivé du calibre 7730.

Diamètre : 31,00 mm
Hauteur : 6,00 mm
Epoque : 1975
Angle de levée : 48°
Fréquence : 18 000 A/h
Réserve de marche :

Exemples : Nivada CASD

Sous toutes les coutures

Alan, de Watchlegend.com, a bien voulu nous permettre de partager quelques photos d’un très bel exemplaire « all black », calibre Valjoux 92 :

La version « pingouin » ci-dessous vient, quant à elle, des archives de Fred.

ROTARY Aquaplunge, chronographe 20 ATM, cal. Landeron 149.

Références

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