Les lunettes en bakélite sont-elles vraiment… en bakélite ?

Nombreuses sont les montres de plongée des années 1950 à 1970 équipées de lunettes tournantes. Souvent, ces lunettes disposent d’un insert réputé en bakélite, sauf que…

Comme beaucoup de collectionneurs de montres de plongée anciennes, j’ai un début de palpitations quand on me parle d’un modèle avec un insert de lunette en bakélite… Des quantités de références viennent immédiatement à l’esprit, de la Yema Superman à la Rolex 6542 (première version de la GMT-Master), en passant par les Omega Seamaster 300, Triton Spirotechnique et bien d’autres.

Jusqu’à une période récente, j’étais par ailleurs persuadé, comme la plupart de ces mêmes collectionneurs, que ces inserts brillants et fragiles étaient effectivement en bakélite. Erreur !

Qu’est-ce que la bakélite ?

Souvent noire, parfois colorée, cette belle matière doit son nom commun au chimiste belgo-américain Léo Baekeland, qui en déposa le brevet en 1909 de l’anhydrure de polyoxybenzylméthylèneglycol (appellation scientifique que vous aurez, comme tout le monde, oubliée dès le prochain paragraphe). Ancêtre de nos plastiques modernes, la bakélite est donc une résine synthétique aux propriétés intéressantes. Thermodurcissable, excellent isolant électrique, elle a donné lieu à la création de quantité d’objets moulés : téléphones, poignées de porte et objets de décoration, bijoux, jouets, boules de billard… Furieusement à la mode entre les années 1920 et 1940, elle est même encore utilisée de nos jours, par exemple pour la fabrication de manches de poêles, de cylindres moulés de disques de frein, de prises et interrupteurs électriques, bien que la rentabilité du matériau soit handicapée par la longueur de cuisson nécessaire à la polymérisation…

Et les montres dans tout ça ?

Les montres dans tout ça ? Eh bien, elles ont avec la bakélite une relation… imaginaire, entretenue comme une légende tenace. Il y a quelques jours, un camarade collectionneur m’a en effet dirigé vers un fil de discussion publié sur le forum MDP (Montres de plongée) qui rétablit la vérité. L’explication n’a même pas besoin d’aller loin dans la technique : la bakélite, en raison de sa composition, est nécessairement opaque, au mieux opalescente. Or les résines servant à fabriquer les inserts doivent laisser voir les indications luminescentes (index ou chiffres), qui sont peintes en dessous. Il est donc nécessaire d’employer un matériau transparent. Conclusion, les inserts sont en fait réalisés dans un polymère thermoplastique naturellement transparent : le plexiglas !

8 commentaires sur « Les lunettes en bakélite sont-elles vraiment… en bakélite ? »

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