Benrus Type I Class A

Nous sommes à la fin de la guerre du Vietnam. C’est dans les dernières années de ce conflit sordide qu’apparaît une des montres les plus remarquables de l’histoire des montres de plongée militaires : la Benrus Type I.

Conçue par une marque américaine, Benrus Watch Co., la Type I suit la spécification MIL-W-50717. Seule montre à répondre à ce cahier des charges, la Type I est également l’unique montre militaire américaine dotée d’un mouvement automatique…

Affectée aux Forces spéciales de l’armée américaine (les fameux « Bérets verts »), elle équipe les troupes aéroportées sur les missions les plus périlleuses : reconnaissance derrière les lignes ennemies, exfiltration de prisonniers, etc. Pendant la guerre du Vietnam, il y a de quoi faire… La CIA et les commandos de Marine en sont également équipés, certains avec des versions dites « stériles ». Ces dernières présentent la particularité de n’afficher à l’extérieur aucune marque ni inscription. Pour la plupart des spécialistes, cette caractéristique répondait au souci d’éviter toute identification du détenteur de la montre s’il venait à être capturé ; pour d’autres, il s’agirait plus simplement de modèles prototypes ou de pré-série, datant de la fin des années 1960, qui n’auraient simplement pas été référencés dans les inventaires militaires. Il semble bien, en tout cas, que ces exemplaires stériles sont à la fois les plus anciens et les plus rares.

Quoi qu’il en soit, ces montres rendent de fiers services et restent d’ailleurs référencées tout au long des années 1970 et au début des années 1980, jusqu’à ce que les montres à quartz, bien moins chères, ne clôturent définitivement le chapitre des montres militaires mécaniques.

 

À l’extérieur

Remarquable, la conception de la Benrus Type I est une pure exécution du principe d’efficacité. Le boîtier de 43 mm, monobloc en acier, est étanche à 365 mètres et résistant aux magnétisme jusqu’à 125 gauss. Il est de forme asymétrique afin, sur le flanc droit, de protéger la longue couronne vissée, à la manière des Omega Speedmaster Professional et Seamaster 300, ou encore des Universal Genève Polerouter Sub. La surface est brossée et micro-billée afin de limiter les reflets qui pourraient malencontreusement faire repérer un soldat en opération.

IMG - Dimensions V2

LHC : 42,4 mm. LCC : nd. LHT : 47,5 mm. EC : 19,5 mm. EHT : 15,3 mm.

Côté face, le cadran est entouré par une large lunette à friction intégrant un insert en acrylique gradué en heures. Insert qui, visuellement superbe, étonne sur une montre de plongée, où l’on trouve plus habituellement une graduation sur 60 minutes. Pour l’auteur du site 50717.com, cette graduation permettrait d’afficher le temps coordonné sur le fuseau horaire du méridien d’origine (GMT) en plus du fuseau local lors des missions de combat. Quant aux index de minutes affichés entre 0 et 4, ils serviraient à mesurer le temps de décompression en cas de plongée. Preuve qu’il donnait satisfaction, ce mode de graduation a d’ailleurs été conservé sur des générations suivante (de la Benrus Type II aux Adanac de la fin des années 1980 et autres Marathon par exemple).

Le cadran, peint, comporte le strict nécessaire : des index suivant la norme des montres de plongée (douze index lumineux : huit cercles, trois rectangles et un triangle à 12 heures). Aucun autre marquage n’est visible. L’objectif est clair : pas d’information superflue, efficacité et lisibilité maximum. Dans le même ordre, les épaisses aiguilles des heures et minutes, blanches, droites et lumineuses, de type « crayon », sont juste complétées par une trotteuse de type « goutte ». L’ensemble est protégé par un fabuleux verre dôme en plexiglas de 3 mm d’épaisseur.

« Class A » et « Class B »

La matière luminescente, réservée aux « Class A », n’est pas composée de tritium mais de promethium 147, comme sur les Tornek Rayville. Les versions « Class B » dépourvues de matière luminescente, étaient affectées à des personnels exerçant dans des environnements nécessitant une mesure particulièrement fine des radiations ambiantes tels que les sous-marins à propulsion nucléaire.

Si l’exemplaire présenté ici a malheureusement subi quatre petits coups de chignole, les anses ne sont normalement pas percées car, comme sur beaucoup de montres militaires, les pompes de la Benrus Type I sont soudées à la carrure, cela afin d’éviter les risques de casse et de perte accidentelle. Il est donc d’usage de l’associer à un bracelet nylon de type G10 ou assimilé.

Côté face, le fond offre un peu de littérature pour les longues soirées de bivouac dans la jungle :

Sur l’exemplaire présenté, on trouve donc, successivement, la référence du cahier des charges (MIL-W-50717), commune à toutes les versions, suivi de la désignation du modèle. Les deux lignes suivantes renvoient le numéro d’inventaire fédéral et le numéro de contrat (X79xx). Suivent diverses références plus ou moins ésotériques ainsi que la date d’assignation (ici, février 1978) et le numéro de série, gravé en petits caractères discrets.

Toutes ces indications font encore gloser sur les forums. Selon les grands savants du MWR, ont trouverait, successivement, les références suivantes :

MODÈLE NUM. D’INVENTAIRE FÉDÉRAL RÉFÉRENCE DE CONTRAT
MIL-W-50717 Type I, Class A antérieures à 1976 6645-477-4210 X7950
MIL-W-50717 Type I, Class A postérieures à 1976 6645-00-477-4210 (le code 00 étant celui du pays) X7952 ou X7953
MIL-W-50717 Type II, Class A 6645-00-225-1741 X7951 (premières) ou X7954 (dernières)
MIL-W-50717 Type II, Class B 6645-00-595-5431 X7953

Les premiers exemplaires sont dits small fonts, en référence à la taille des caractères gravés sur le fond de boîte. Les inscriptions seront, par la suite, plus grasses.

 

À présent, voici deux petits trucs pour reconnaître les vraies Benrus : le dôme de la couronne doit comporter une petite fossette au centre, d’environ 1 mm de long ; par ailleurs, sur les tout premiers modèles, le bord du cadran est légèrement en retrait et affiche, à six heures, la mention : SWISS MOVEMENT.

 

Mouvement

La Benrus Type I étant conçue avec un boîtier monobloc, il est nécessaire de retirer la lunette et le verre pour accéder au mouvement.

Celui-ci est signé Benrus Corp. sur la masse oscillante et porte la référence GS1D2. En réalité, il s’agit de l’excellent calibre ETA 2620 que l’on trouve également sur certains modèles de Zodiac Seawolf, modifié par Benrus pour répondre aux spécifications particulières du cahier des charges de l’armée américaine.

Caractéristiques

. 17 rubis
. stop-seconde
. 21 600 A/h
. 42 heures de réserve de marche

 

Type I et Type II… et rencontre du troisième Type ?

Référencée jusqu’à la fin des années 1970, la Benrus Type I est ensuite remplacée par la Benrus… Type II, laquelle se distingue, pour l’essentiel, par un cadran spécifique et une résistance à l’eau renforcée.

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Remarquable dans sa conception riche d’un véritable pedigree militaire, la Benrus Type I est aujourd’hui une montre recherchée, voire un véritable Graal pour certains collectionneurs. Ce succès a poussé plusieurs fabricants à concevoir et proposer des modèles qui en sont plus ou moins fortement inspirés, jusqu’à jouer sur la notion ambiguë  de réédition. On s’attardera notamment, faute de pouvoir trouver les originales, sur les intéressantes Paradive de chez MKII et les Marathon Navigator, elles-mêmes héritières des Adanac militaires produites par Gallet pour les besoins des armées américaine et canadienne à la fin des années 1980.

 

Références
  • Wornandwound.com. [En] Une très belle et complète revue de la Benrus Type I.
  • 50171.com. [En] La référence absolue s’agissant des modèles Benrus Type I et Type II.
  • Scubawatch.org. [En] Courte présentation.
  • MWR. [En] Discussion sur les Benrus Type I et II.
  • MWR. [En] Discussion sur les numéros de référence.
  • Broadarrow.net. [En] Présentation des Adanac militaires.
  • Crédit photo : Superfilmbuff/eBay pour les clichés de la Type I démontée.

3 commentaires sur « Benrus Type I Class A »

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