Un aventurier norvégien et une montre suisse sont sur un radeau. L’aventurier tombe à l’eau, qu’est-ce qui reste ? Une montre suisse sur laquelle un petit article s’impose…
KonTiki, ça vous rappelle quelque chose ?
KonTiki… le terme est vaguement présent dans la mémoire de beaucoup. C’est le nom du dieu inca du soleil mais aussi celui du radeau de balsa sur lequel, en 1947, le Norvégien Thor Heyerdahl, avec son équipage, traversa le pacifique, de la côte péruvienne jusqu’aux atolls polynésiens. Cette traversée, qui dura cent un jours devait être un moyen de prouver que les Polynésiens étaient originaires du Pérou.
Chaque membre de l’équipage avait été pourvu d’une montre Eterna. L’instrument, vital pour la navigation, ne quitta pas leur poignet et fut associé au succès de l’expédition. Eterna est entré dans l’histoire avec eux. En 1958, la commémoration de l’événement fut l’occasion de lancer une gamme de montres haut-de-gamme baptisée KonTiki, particulièrement robuste et étanche à plus de deux cents mètres grâce notamment à un fond vissé spécifique, porteur d’un médaillon représentant le radeau.
Nous sommes au milieu des années 1960 et la manufacture Eterna n’a pas de véritable modèle de plongée à proposer à sa clientèle. Ainsi naît la Super-KonTiki : sa carrure trapue, sa grosse couronne vissée, sa lunette bidirectionnelle. Cette première génération verra se succéder, jusqu’au tournant des années 1970, trois types différents, dont les évolutions concernent essentiellement l’apparence du cadran et du jeu d’aiguilles.
Les trois types partagent un boîtier en acier résistant à 200 mètres, à la conception spécifique. Le fond, la couronne et la lunette sont vissés, et cette dernière dispose d’un insert métallique peint emboîté. Le verre acrylique est gravé en son centre du logo Eterna (comme les Omega et Universal Genève). Trois modèles d’insert sont connus : une version graduée de dix en dix sur soixante, et deux versions dites « de décompression », l’une avec l’échelle exprimée en pieds, l’autre avec l’échelle exprimée en mètres.
LHC : 39,8 mm. LCC : 41 mm (couronne I) ou 46,6 mm (couronne II). LHT : 47,5 mm. EC : 20 mm. EHT : 13 mm.
Type 1, référence 130PTX/1
Autant le dire tout de suite, si les Super-KonTiki sont relativement rares, le type 1 est aujourd’hui carrément introuvable. Il se distingue aisément par son cadran crème — très inhabituel pour une montre de plongée — doté de gros index carrés qui auraient pu rappeler, s’ils ne l’avaient précédée de quelques années, ceux des Tudor Submariner « snowflake ». Les aiguilles sont de type chandelle pour les heures, sauge pour les minutes et goutte pour les secondes.
S’agissant de la couronne, je reste à ce stade sur un doute : il semblerait que les modèles de type 1 et peut-être les premiers exemplaires de type 2 aient été équipés d’une couronne non vissée, signée des cinq points de la marque, avant que celle-ci ne soit remplacée par une couronne vissée, plus longue et non signée. (Si un aimable lecteur pouvait dissiper cette incertitude, il en serait chaudement remercié…)
Le mouvement, quant à lui, est le calibre Eterna-Matic 1424UD, 17 rubis, remontage automatique et date, proche d’un ETA 24XX mais mû par le dispositif à roulement à billes caractéristique de la marque.
Le système Eterna-Matic
Parmi les innovations techniques qui ont fait la réputation de la manufacture Eterna, le système Eterna-Matic reste l’une des plus notables. Mis en production en 1948, il consiste à remplacer l’axe du rotor par un dispositif à roulement à billes qui, en réduisant le frottement, améliore le rendement et la durée de vie. Le succès de ces cinq billes fut tel qu’elles ont été reprises pour devenir le logo de la marque.
Type 2, référence 130PTX/3 et 130FTP/3
Gageons que le type 2 a succédé rapidement au premier modèle, ce qui en expliquerait l’extrême rareté. Il partage avec celui-ci le boîtier et le jeu d’aiguilles, mais le cadran prend, en revanche une tout autre apparence. Fini les index carrés, voici des index luminescents triangulaires et diamants qui, là encore, tranchent avec l’apparence de la plupart des modèles de l’époque. Les chiffres 6, 9 et 12 sont visibles à l’intérieur des index correspondants, à moins qu’ils aient été rechargés en matière, ce qui est souvent le cas.
Type 3, réf. 130FTP/3
Le type 3 clot la première série avec un cadran et des aiguilles différentes, qui propulsent la Super-KonTiki des années 1960 vers les années 1970. Les index adoptent un dessin original, les aiguilles sont désormais droites et l’ensemble prend quelques couleurs.
Le mouvement est désormais le calibre 1489K, qui bénéficie d’une date rapide par traction sur la couronne.
Carrière militaire
C’est ce modèle type 3 qui fut retenu en dotation des Israeli Defense Forces (IDF), avant d’être remplacé par la deuxième génération de Super KonTiki, lancée en 1973 et rééditée en 2011.
En l’occurrence, il est alors plus particulièrement destiné à une unité d’élite de Tsahal : la Shayetet 13, la Treizième flotille (ou S-13). Cette unité, comparable aux Navy Seals américains ou aux Special Boat Services britanniques, fut créée dès 1948 (fondation de l’État d’Israël) mais resta secrète jusque dans les années 1960. Il s’agit de commandos de marine spécialisés dans les opérations discrètes de contre-terrorisme, de reconnaissance ou d’infiltration.
En matière horlogère, les nageurs de combat ont été équipés à une époque de Tudor Submariner 7928 au boîtier peint en noir (le traitement PVD n’avait pas encore été inventé), avant d’adopter les Eterna Super-KonTiki.
Références
- Watchuseek. Discussion sur une Eterna Super-KonTiki.
- Crédits photo : L’Orlogiese, MF/TimeZone, Veblenist.
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