Il y a quelques jours, une Bulova Sea Hunter m’est passée devant les yeux et je me suis dit : « Wow, qu’est-ce que c’est que cet OVNI ? Un look de grosse bestiole du fond des mers avec un je-ne-sais-quoi de luxueux dans l’apparence, et un mélange improbable de classicisme vintage et d’extrême modernité. » Bon, pour être franc, mes réflexions à chaud étaient un peu moins formulées mais, en tout cas, je me suis bien dit : « Wow. » Voici pourquoi.
Il faut dire que l’engin en impose. Rien n’indique explicitement que la Sea Hunter ait été réalisé par Squale mais cela y ressemble en tout cas furieusement.
Il n’y a qu’à voir une Squale 100 Atmos pour relever la similarité des dimensions généreuses, du fascinant verre bombé, de la couronne encastrée à quatre heures… Pourtant, la Sea Hunter suscite une impression particulière, comme si Bulova avait voulu proposer une Squale plus radicale.
LHC : 41 mm. LCC : 45 mm. LHT : 48,2 mm. EC : 20 mm. EHT : 16,3 mm.
Avec son exceptionnelle épaisseur, son cadran très graphique, seulement égayé par une trotteuse rouge vif, et surtout cette étonnante lunette polie, sans insert ni la moindre inscription, elle paraît avoir été créée moins pour un usage quelconque que simplement pour elle-même, un peu comme un objet de démonstration, à l’image de ces « concept cars » générateurs d’émotions fortes bien qu’ils soient, en réalité, souvent incapables de rouler normalement.
Pour autant, la Sea Hunter est une vraie montre et même une vraie montre de plongée, contrôlée à 1000 mètres !
Sous le capot, on trouve même un excellent ETA 2824-2, mouvement lancé en 1972, caractérisé par ses 25 rubis, son spiral en Anachron, son rotor sur roulement à bille (brevet Eterna), son oscillation à haute fréquence (28 800 A/h).
Bref, un bel objet d’horlogerie tout à fait méconnu, du fait conjugué de la relative inattention que suscite la marque Bulova jusqu’à présent — si l’on excepte peut-être les Accutron — et de la grande rareté de cette Sea Hunter.
L’exemplaire présenté ici, référence 11932, appartient à la première série, qui est aussi la plus épurée. Elle existe également avec un cadran à fond blanc :
La 11933, qui lui succède, adopte une grosse lunette gravée et une seconde couronne, à deux heures, destinée à en bloquer la rotation :
La gamme est également étendue à deux versions de chronographes étanches à 200 mètres. D’abord l’étonnant 11934, qui ne manque pas de charme avec son Valjoux 7736 à trois compteurs et son accastillage en or :
Enfin, la référence 11935, qui combine les trois compteurs, la lunette gravée et la couronne supplémentaire (à neuf heures, cette fois) dans un ensemble esthétiquement plus discutable.
Bref, mieux vaut rester concentré sur la première version. Sa rareté, son étonnante présence au poignet et ses performances en font une intéressante découverte et une montre réellement hors du commun. Tellement, d’ailleurs, que Bulova US ne dispose guère d’informations à son propos : selon eux, la Sea Hunter aurait été produite pour les marchés européens et orientaux mais la documentation de ces séries « exotiques », qui n’a apparemment pas traversé l’Atlantique, ne semble pas non plus avoir été scrupuleusement conservée en Suisse, où les restructurations ont eu raison des acteurs de l’époque ainsi que de leurs archives.
Références
- Fratellowatches.com. [en] Une revue de la version chronographe de la Bulova Sea Hunter, réf. 11934, par Michael Stockton.
- Le Petit Poussoir. [fr] Une histoire très complète du mouvement ETA 2824-2.
- LocalTime. [en] Un exemplaire exceptionnel (NOS avec bracelet, boîte et papiers d’origine).
- Discuss.com.hk. [si] Une excellente revue de la gamme Sea Hunter.
- Crédits photos : strega_68/eBay, Michael Stockton/Fratellowatches.com, Bloodkrishna/Discuss.com.hk.