La qualité du travail est au rendez-vous : incroyablement fouillé et pédagogique, l’ouvrage d’Anthony Marquié et Grégoire Rossier, annoncé il y a quelques semaines, tient toutes ses promesses.
Les lecteurs qui ont eu entre les mains le premier livre des deux auteurs, Moonwatch Only, savent à quoi s’en tenir : Anthony et Grégoire sont des machines de guerre, la passion en plus. Ils ont passé deux années de travail méticuleux à passer entre leurs mains des centaines de montres, à les décortiquer, les photographier sous toutes les coutures, les inventorier dans une grosse base de données et dégager la chronologie, les variantes, les constantes. Cette bonne vieille méthode empirique a représenté un travail titanesque au terme duquel ils ont été capables, quasiment ex nihilo, faute d’archives, de reconstituer la généalogie de l’un des plus séduisants chronographes des années 1960 : le Nivada/Croton Chronomaster Aviator Sea Diver.
Le résultat est à la hauteur de l’investissement : au fil des pages, on prend d’abord conscience de l’énorme variété de références, auxquelles sont associés pléthore de cadrans, d’aiguilles, de lunettes, de couronnes, de carrures, de fonds de boîte. Tout est indexé de manière limpide et précisément illustré. Un régal vertigineux.
Dans la deuxième partie de l’ouvrage, chaque modèle est passé en revue avec ses principales caractéristiques et, toujours, de splendides photos à l’appui. Là encore, le nombre de références impressionne avec, bien sûr, toutes les variantes commercialisées sous l’étiquette Croton et les déclinaisons sous quelques marques confidentielles telles que Pierre Vallée, Austin, Sussex ou encore la rarissime et improbable Rudolph’s Dependable…
Deux petits bémols
S’il ne fallait qu’un bémol, ce serait celui-ci : l’ampleur de la tâche a obligé les auteurs à limiter leurs ambitions. Si le modèle Chronograph, à l’origine de toute la saga, est précisément traité, les auteurs ont dû laisser à l’écart ceux de la gamme Chronoking (Valjoux 23 et 234) (voir ici) ainsi que les extensions tardives (Valjoux 7736, Valjoux 7765) et le rare Croton Skymaster à calibre Valjoux 72 (voir là). Partie remise à une seconde édition ?

J’ajouterai également un second bémol, très personnel : avec la publication de ce support de référence, le temps est venu pour moi de remettre en question, méthodiquement, tout ce que j’ai publié ici-même sur le sujet. Quelques moments studieux et passionnants en perspective !
Il en faudrait plus, cependant, pour dissuader l’amateur de Chronomaster Aviator Sea Diver de se procurer cette « bible » : à compulser en détail ou même à feuilleter, l’ouvrage confortera les amateurs des CASD et fera, sans nul doute, grossir les rangs des adeptes…
Et ce sera bien mérité.
Références
- Crédits photo : Fred Chrono / Chronographes.net.
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