Chronographe Enicar 2342 : Arlequin chez Racine…

Étrangement, le caractère si attachant de la marque Enicar a mis du temps à être reconnu. Elle nous a pourtant offert des modèles toniques, sans jamais sacrifier l’élégance à la fantaisie. En voici un bel exemple avec ce chronographe de la fin des années 1960.

Si Ariste Racine « senior », fondateur d’Enicar, avait vécu jusqu’aux années 1960-1970, il n’aurait sans doute pas désavoué la politique de son fils, Ariste « junior ». Le fiston s’est en effet attaché, tout le temps qu’il a passé à la tête de la maison, à proposer des garde-temps dotés, à chaque fois, d’un petit supplément de « peps » : le design très soigné des boîtiers et des cadrans, l’utilisation des couleurs vives, ont permis de bâtir une collection qui mérite bien aujourd’hui la passion qui lui vouent de plus en plus de collectionneurs.

Certes, les grandes stars de la marque sont désormais « hors concours » : les différentes variations de Sherpa Graph deviennent hors d’atteinte de l’amateur lambda, à la fois pour des raisons financières mais aussi à cause de l’approche assez complexe de ces modèles, dont les versions et sous-versions multiples sont un véritable maquis plein de chausse-trapes pour l’amateur insuffisamment averti.

Sans aller si loin tout en se hissant quand même au dessus du menu fretin, voici donc un chronographe parfaitement représentatif de l’approche d’Enicar.

ENICAR

 

L’engin se présente dans un boîtier « coussin » en acier poli. Suivant les canons de l’époque, cette forme englobante confère à l’engin un aspect plus moderne et robuste — bien qu’il s’inspire directement des boîtiers d’avant-guerre !

Dans l’air du temps sur la forme, Enicar ne suit pas la tendance sur les dimensions. Au tournant des années 1970, à quelques exceptions près (voir les chronographes Tissot PR 516 par exemple), le grand diamètre est en effet de rigueur et il faut, sauf à passer pour une marque cheap, mettre un poids certain d’acier dans la balance, jusqu’à parfois se retrouver avec une véritable enclume au poignet… Enicar s’en tient a contrario à des dimensions raisonnables, rendant cette montre portable et confortable en toutes circonstances, y compris sur un poignet féminin.

IMG - Dimensions V2

LHC : 37 mm. LCC : 40 mm. LHT : 41 mm. EC : 20 mm. EHT : ND.

Dans le même temps, l’engin offre une remarquable ouverture de cadran qui laisse pleinement profiter de la minuterie et des trois superbes compteurs. Là se trouve en effet un autre attrait du modèle : disponible en deux compteurs asymétriques et trois compteurs dans un aspect plus sage (voir ci-dessous), la version « Arlequin » présentée ici affiche un graphisme plus déluré.

En mariant le noir, le gris, le rouge et cette aiguille verte presque acidulée, elle apporte juste ce qu’il faut de fantaisie pour réveiller un poignet un peu triste ou réveiller une tenue trop austère.

ENICAR
Chronographe réf. 2234, cal. Valjoux 72, circa 1970.

Le fond de boîte, quant à lui, présente le polygone sur lequel vient s’emboîter un outil de vissage spécifique, ainsi que les motifs caractéristiques. Le fond de l’exemplaire présenté pour cette revue a vraisemblablement été remplacé à un moment ou un autre (l’intérieur du fond affiche la référence 2334), le fond d’origine étant conforme à l’image de droite ci-dessous.

 

 

Valjoux 72 de rigueur

Datant du début des années 1970, il entre en scène à une époque où, pour la maison suisse, la phase de conquête est terminée. Les Enicar sont commercialisées aux quatre coins du globe et l’heure est plutôt à la rationalisation. Fini les mouvements « de manufacture », signés AR (des initiales du fondateur) et place aux mouvements produits par les grands fournisseurs de l’industrie horlogère suisse, tant pour ses « trois aiguilles » qu’a fortiori pour les chronographes. Racine ne conçoit ces derniers qu’à trois compteurs et tous battent donc aux impulsions du prestigieux Valjoux 72 et de ses dérivés (comme le 726, cadencé à plus haute fréquence).

Notre chronographe 2342 ne fait pas exception, avec un beau mouvement signé.

ENICAR

 

Bref, voilà un chronographe intéressant à plus d’un titre : coloré sans être psychédélique, à la mode des seventies sans peser un quintal, noblement motorisé, il réussit finalement un bon compromis sur de multiples plans sans pour autant naviguer dans une banale « moyenne ». Il n’y a pas à dire : le vieil Ariste aurait validé !

 

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