Les montres à maréographe présentent une particularité insolite : ce sont les seules capables d’indiquer l’heure lunaire et, par ricochet, les heures de marée haute et basse en un lieu donné. Cette fonction, pourtant utile aux pêcheurs et aux navigateurs plaisanciers, n’a jamais dépassé le stade de la confidentialité. Elle a, en revanche, occasionné la création de quelques modèles aujourd’hui très recherchés des collectionneurs avertis…

Une spécialité Heuer
Entre les champs de course, les circuits automobiles et les tableaux de bord d’aéronefs, Heuer se forge une solide réputation dans le domaine des instruments de chronométrage. À ce titre, les activités nautiques ne sont pas oubliées puisque les régates sur le lac Léman sont couvertes dès les années 1920. À la fin des années 1940, dans cet esprit, Heuer fait breveter une montre maréographe baptisée Solunar. Destinée aux pêcheurs et aux chasseurs, cette montre tire son nom des tables solunaires inventées par John Alden Knight, qu’elle met en application. Ces tables, en combinant les heures de lever et de coucher du soleil et de la lune, permettent de déterminer les moments propices pour la chasse et la pêche. Cette technique part de l’hypothèse que les comportements des animaux et des poissons sont en partie déterminés par la position des astres. Pour la petite histoire, relatée par Mark Moss, les calculs nécessaires pour représenter les cycles lunaires furent effectués avec l’aide du professeur de physique d’un certain… Jack Heuer, fils de Charles-Edouard…Une saga américaine
En 1950, directement dérivé de cette Solunar, Heuer réalise, à la demande de la marque Abercrombie & Fitch, un chronographe baptisé « Seafarer ». À l’époque, la marque ne donnait pas encore dans le vêtement luxe décontracté pour adolescent à la mode mais plutôt dans les articles de randonnée, les fusils de chasse et les cannes à pêche… Entre Holland & Holland et le Vieux Campeur, en somme. Dédié aux activités nautiques, le Seafarer est la première montre chronographe dotée à la fois d’un indicateur de marées et d’une fonction de compte à rebours de cinq minutes pour les compétitions de voile. Sur ces chronographes à trois compteurs, la fonction est rendue par le registre situé à neuf heures. La croix indique les heures de marée haute et marée basse. Le disque rotatif tourne selon le cycle lunaire, soit douze heures et vingt-cinq minutes. Un bouton poussoir, sur la gauche, permet de régler le disque.(Mise à jour du 20 mai 2016.) Dernière trouvaille : cette étonnante Solunar de 1976 à la configuration plus ésotérique…
Peu de concurrentes
Rares sont les marques à s’être lancées sur ce créneau si étroit. Sur le FAM, Cisco s’est livré à un inventaire qui n’a permis d’identifier que trois audacieux. Signalons d’abord deux monstruosités que nous ne vous infligerons pas malgré leur mécanique intéressante. Oh et puis si après tout : voici donc la Corum Admiral’s cup Tide 44 et la Eric Tabarly à mouvement quartz ISA 8272. La troisième marque entre davantage dans nos critères habituels puisqu’il s’agit d’Eberhard, créateur d’un chronographe Mareoscope motorisé par un calibre Lemania 5190, évolution du calibre 5100, qui fut commercialisé dans les années 1990 avec un cadran blanc ou noir.
Le plus beau et plus précis des mareographe est celui de Christian Van der Klaauw, avec une superbe phase de lune en prime.
http://www.klaauw.com/eng/cvdk-real-moon-tides-ckrs3324
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