Les montres à maréographe présentent une particularité insolite : ce sont les seules capables d’indiquer l’heure lunaire et, par ricochet, les heures de marée haute et basse en un lieu donné. Cette fonction, pourtant utile aux pêcheurs et aux navigateurs plaisanciers, n’a jamais dépassé le stade de la confidentialité. Elle a, en revanche, occasionné la création de quelques modèles aujourd’hui très recherchés des collectionneurs avertis…
Les montres à maréographe doivent être réglées par leur utilisateur pour un lieu de latitude donné, en utilisant notamment des « annuaires des marées », qui tiennent compte d’une multitude de données parfois très complexes (incidence des trajectoires elliptiques des corps célestes, phénomènes hydrodynamiques, configuration de la côte, profondeur de la mer à l’endroit considéré, etc.). Certains modèles présentent également des indications relatives aux coefficients des marées (variations d’amplitude dues aux positions respectives de la terre, de la lune et du soleil) ainsi que des estimations des hauteurs d’eau et de la force des courants.Une spécialité Heuer
Entre les champs de course, les circuits automobiles et les tableaux de bord d’aéronefs, Heuer se forge une solide réputation dans le domaine des instruments de chronométrage. À ce titre, les activités nautiques ne sont pas oubliées puisque les régates sur le lac Léman sont couvertes dès les années 1920. À la fin des années 1940, dans cet esprit, Heuer fait breveter une montre maréographe baptisée Solunar. Destinée aux pêcheurs et aux chasseurs, cette montre tire son nom des tables solunaires inventées par John Alden Knight, qu’elle met en application. Ces tables, en combinant les heures de lever et de coucher du soleil et de la lune, permettent de déterminer les moments propices pour la chasse et la pêche. Cette technique part de l’hypothèse que les comportements des animaux et des poissons sont en partie déterminés par la position des astres. Pour la petite histoire, relatée par Mark Moss, les calculs nécessaires pour représenter les cycles lunaires furent effectués avec l’aide du professeur de physique d’un certain… Jack Heuer, fils de Charles-Edouard…Une saga américaine
En 1950, directement dérivé de cette Solunar, Heuer réalise, à la demande de la marque Abercrombie & Fitch, un chronographe baptisé « Seafarer ». À l’époque, la marque ne donnait pas encore dans le vêtement luxe décontracté pour adolescent à la mode mais plutôt dans les articles de randonnée, les fusils de chasse et les cannes à pêche… Entre Holland & Holland et le Vieux Campeur, en somme. Dédié aux activités nautiques, le Seafarer est la première montre chronographe dotée à la fois d’un indicateur de marées et d’une fonction de compte à rebours de cinq minutes pour les compétitions de voile. Sur ces chronographes à trois compteurs, la fonction est rendue par le registre situé à neuf heures. La croix indique les heures de marée haute et marée basse. Le disque rotatif tourne selon le cycle lunaire, soit douze heures et vingt-cinq minutes. Un bouton poussoir, sur la gauche, permet de régler le disque. Les premiers modèles tournent avec un calibre Valjoux 71, avant d’adopter le Valjoux 72. Les boîtiers sont d’origine Heuer (réf. 2443, 2444, 2447 Carrera, 2446C Autavia ) et les versions successives suivent l’évolution stylistique des modèles du prestigieux fournisseur (vous saurez tout sur Onthedash.com). Les versions type Autavia furent d’ailleurs produites sous les marques Heuer et Orvis, respectivement dénommées Mareograph et Solunagraph.(Mise à jour du 20 mai 2016.) Dernière trouvaille : cette étonnante Solunar de 1976 à la configuration plus ésotérique…
Le plus beau et plus précis des mareographe est celui de Christian Van der Klaauw, avec une superbe phase de lune en prime.
http://www.klaauw.com/eng/cvdk-real-moon-tides-ckrs3324
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