Helios « DH », cal. P300

Dans les « familles » de montres militaires de la Seconde guerre mondiale, les plus connues sont sans doute les W.W.W., autrement appelées Dirty Dozen, ou encore les A.T.P. de l’armée britannique. Pour des raisons évidentes, les Dienstuhren de l’armée allemande ont moins bonne presse. En voici une représentante : l’Helios « DH ».

À la fin des années 1930, les vents mauvais se lèvent en Europe. Avec plus ou moins de clairvoyance, les nations appréhendent le pire. Certaines, résolues à la confrontation ou plus conscientes que d’autres de l’inéluctable embrasement, préparent leurs forces. Au premier rang des artisans de l’embrasement, l’Allemagne nazie.

Dans la Wehrmacht comme dans d’autres armées contemporaines, les montres sont un élément de dotation dans les unités de transport (notamment aviation et marine), de transmission et d’artillerie. Disponibles selon les cas sous forme de montres de poche ou de poignet, elles sont fournies par de nombreuses marques suisses et allemandes. Parmi elles : Arsa, Büren, Civitas, Glycine, Grana, Hanhart, Helvetia, Helios, Helbros, IWC, Longines, Moeris, Minerva, Laco, Phenix, Recta, Record, Silvana, Stabila, Stowa, Titus, Zenith et Zentra.

Voir aussi : Chronographe Hanhart, cal. 40

Fliegerchronograf, cal. 40, circa 1940.
Trois catégories

L’administration allemande classe alors ces montres en trois catégories. La première est celle des montres de fabrication allemande. Celles-ci faisant l’objet en amont d’un référencement et de contrôles de conformité, elles ne portent pas de marquages particuliers. La deuxième est celle des montres de fabrication suisse, lesquelles portent plusieurs types de marquages (voir ci-dessous). Enfin, les montres civiles, souvent montres dites « de prise » (prises à l’ennemi), sont autorisées mais ne portent naturellement aucun marquage allemand.

Marquages réglementaires des montres de service d’origine suisse

DH : Dienst Heer (armée de terre)
D : Dienst Luftwaffe (forces au sol de la Luftwaffe, de type équipage Flak ou Felddivision).
RLM : Reichsluftfahrtministerium (pilotes de l’aviation).
KM : Kriegsmarine (marine de guerre).
DU : Dienstuhr (administration : police, douane, etc.).

Tamponnés (et non gravés), ces marquages réglementaires sont apposés en même temps qu’un numéro de série qui permet, entre autres, de retrouver l’année de fabrication.

Les « DH » (Dienst Heer) sont, comme leur nom l’indique, réservées à l’armée de terre allemande (Heer). Généralement d’un diamètre de 34 mm, elles sont bâties suivant un cahier des charges qui en définit l’aspect, les fonctionnalités et les performances. Parmi les éléments du cahier des charges, on trouve :
— un boîtier à fond vissé en acier,
— un cadran noir sur lequel les heures sont indiquées sous la forme de chiffres luminescents (au radium),
— un sous-cadran à six heures exposant la petite seconde.

Les modèles de la famille des Dienst Heer proviennent d’au moins quatorze marques différentes — Arsa, Büren, Grana, Helvetia, Helios, Helbros, Longines, Moeris, Minerva, Recta, Record, Stabila, Titus et Zenith.

Helios DH

Je n’ai guère trouvé d’informations sur la marque Helios, si ce n’est qu’elle est aujourd’hui établie dans le Jura suisse et spécialisée dans la mécanique de précision.

HELIOS DH, cal. Precimax P300, circa 1940.
HELIOS DH, cal. Precimax P300, circa 1940.

Cette version répond naturellement aux spécifications posées par  l’administration allemande, dans un boîtier nickelé de 34 mm de diamètre et s’appuie, selon la période, sur deux types de mouvements suisses : le A. Schild AS1130 (photo ci-dessous) et le Precimax P300.

HELIOS DH, cal. AS1130, circa 1940.
HELIOS DH, cal. Precimax P300, circa 1940.

LHC : 34 mm. LCC : 36,8 mm. LHT : 42,3 mm. EC : 18 mm. EHT : 9,9 mm.

 

Son cadran laqué comporte un chemin de fer, des chiffres luminescents bien visibles pour marquer les heures et de fines aiguilles de type chandelle également luminescentes. La seconde indirecte court sur un compteur précisément gradué qui témoigne de son importance dans certaines opérations.

Andrea Marzari évoque trois types de fond de boîte :
— avec la seule mention du numéro de série ;
— avec le numéro de série et les mentions STAHLBODEN et WASSERDICHT au centre (photo ci-dessous, à gauche) ;
— avec le numéro de série, les mentions ROSTFREI STAHLBODEN au centre et WASSERDICHT ANTIMAGNETISCH STOSSGESICHERT sur le pourtour (photo ci-dessous, à droite).

Quant au numéro de série, il est précédé de la lettre D et suivi de la lettre H. Là encore, trois types de tampons se seraient succédé :

  1. La taille des lettres et des chiffres est uniforme (2 mm).
  2. La taille est uniforme (1 mm) ou bien les chiffres sont légèrement plus grands (1,5 mm).
  3. Les lettres sont plus grandes (1,5 mm) que les chiffres (1 mm).

Enfin, toujours selon Andrea Marzari, on pourrait dénombrer six lots d’homologation en fonction des numéros de série recensés :

LOT PLUS BAS > PLUS HAUT CALIBRE
1 11xx > 81xx AS1130
2 107xx > 217xx AS1130
3 221xx > 267xx AS1130 ou P300
4 292xx > 324xx P300
5 331xx > 398xx P300
6 403xx > 443xx P300

Cet exemplaire appartiendrait au sixième et dernier lot, selon son numéro de série 414xx, cohérent avec le mouvement Precimax P300 dont il est doté.

HELIOS DH, cal. Precimax P300, circa 1940.

Il s’agit de la plus répandue des DH. Elles n’en restent pas moins des montres difficiles à trouver en bon état d’origine car leur vie tumultueuse, les dégâts naturellement causés par le radium et les restaurations « agressives » ont souvent eu raison de leur intégrité…

HELIOS DH, cal. Precimax P300, circa 1940.
HELIOS DH, cal. Precimax P300, circa 1940.
Références

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